« Mère avant d’être femme »

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Chaque année, en France, environ 4500 adolescentes, dont 500 de moins de 16 ans, mènent une grossesse à terme. Cependant, la plupart de ces grossesses sont résultat d’un « accident », même si parfois, il s’avère que le bébé est voulu. Ce n’est pas le même cas dans les pays comme le Nicaragua. Une femme nicaraguayenne sur trois assure avoir eu un enfant avant d’acquérir la majorité d’âge (18 ans), ce qui place le Nicaragua à la première place de maternité précoce en Amérique Latine (28%).
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La maternité précoce dérange et inquiète la population, car la majorité de ces grossesses sont dû à des viols. Le harcèlement sexuel commence très tôt ; une enquête réalisée en 2011 par l’association "Quincho Barrilete" à Managua a révélé que 60% des filles interrogées admettaient être sous pression et poussées à avoir des relations intimes avec des membres de leur famille, des copains de collège, des voisins et parfois même leur propre père.
Plusieurs spécialistes décrivent ce phénomène comme le résultat d’une culture machiste autour de la gente féminine, et s’explique également par un contexte social, en effet certaines personnes voient la grossesse comme quelque chose de « normal ». « Le système juridique oblige les femmes à accoucher quel que soit le risque médical », explique une représentante d’organisation qui se consacre à la prévention et au traitement de toute forme de violence contre les enfants et les adolescents.

La plupart des filles enceintes, en plus d’être victimes de viol, perdent tout à la fois : leur possibilité d’aller à l’école, leur famille, copains et leur joie de vivre.
Les rejets familiaux sont très fréquents, dans 47 % des cas, ces filles en état de grossesse perdent leur droit à l’éducation et ne terminent pas l’école primaire. Les jeunes filles sont jetées à la rue car leurs parents ne peuvent pas nourrir une bouche de plus, et, par conséquent, les jeunes filles mendient dans les rues de Managua où elles vont endurer toutes sortes de harcèlement de la part d’adultes qui peuvent leur offrir de l’argent, de la drogue ou de la nourriture contre des services sexuels. Si elles ont de la chance, elles peuvent être accueillies dans un centre pour filles-mères.
« Beaucoup sont obligées de chercher du travail dans des conditions désavantageuses, n’ayant aucune expérience professionnelle, d’autres sont jetées à la rue et beaucoup terminent victimes d’exploitation sexuelle. ». Pour les spécialistes, le phénomène de la grossesse fait partie du cycle de pauvreté dans lequel ont vécu ces filles et ces jeunes femmes, parce qu’elles deviennent mères avant leur maturité biologique, c’est-à-dire que des mères au poids insuffisant et en état de malnutrition chronique mettent au monde des enfants de taille et de poids inférieurs à la norme. C’est évident que ces enfants ne vont pas avoir une vie différente à celle de sa mère, et c’est de cette manière que le cycle de pauvreté continue une nouvelle fois.
Depuis 2006 le Nicaragua est l’un des rares pays du monde qui punit de prison l’interruption volontaire de grossesse dans tous les cas, y compris quand la gestation est le produit d’un viol, d’un inceste, ou quand la vie de la mère est en péril. Le Code Pénal du Nicaragua établit que toute relation sexuelle avec une personne de moins de 14 ans, même si elle y consent, est considérée comme délit de violation et puni de 12 à 15 ans d’emprisonnement.

Voici un témoignage d’une victime de dix ans, non-identifiée :
« Une fille de Santa Teresa, dans le département de Carazo, à 35 km au Sud de Masaya, a été violée chez elle en 2012, devant ses deux sœurs de 9 et 2 ans, par son oncle de 20 ans qui est venu les garder en l'absence de leurs parents. Devant son ventre dur et gonflé, dans les proches mois suivants, son médecin, ignorant fertilité comme le viol, lui avait prescrit des antiparasitaires. Comme ces derniers ne faisaient aucun effet, la jeune fille a été soumise à une échographie qui révéla sa grossesse de 5 mois. »
(D'apres liste des plus jeunes meres du monde)
« La maternité chez les jeunes filles ne correspond pas, en général, à des décisions prises par la femme, mais à l’absence d’opportunités et les pressions sociales, culturelles et économiques ».
- Babantundue Osotimehin, directeur exécutif de l’UNFPA.


Par Texcoco Press